AMENOPHIS II
(1427 - 1396)
Statue d'Amenophis II
(Musée de Louxor).
Sa tombe
L’entrée de la tombe royale (KV 35) est cachée au pied d’une haute paroi rocheuse.
Victor Loret la trouva en mars 1898, un mois seulement après avoir découvert la tombe de Thoutmosis.
Sa tombe a été retrouvée quasi intacte mais, outre sa momie et une partie de son mobilier originel, elle abritait plusieurs momies royales et princières du Nouvel Empire : huit pharaons parmi lesquelles Thoutmosis IV, Aménophis III, Séthi II, Ramsès IV, Ramsès V et Ramsès VI, un prince et trois femmes (dont sans doute la reine Tiyi) qui y avaient été mises à l’abri des pillards à la XXIe dynastie par le Grand Prêtre Pinedjem.
Plan de la tombe
L’axe de la tombe est à nouveau oblique, à angle droit cette fois. En outre, on retrouve la succession rythmée d’escaliers et de corridors, et un corridor supplémentaire a été intégré entre les deux salles à piliers.
A l’inverse de son prédécesseur, Aménophis II choisit à nouveau un plan rectangulaire pour la salle du sarcophage et adopte une ordonnance qui servira de modèle jusqu’à Séthi Ier ; à une partie supérieure munie de six piliers succède une partie inférieure accueillant le sarcophage du roi. Comme pour Thoutmosis, quatre annexes sont destinées aux offrandes, et Victor Loret trouva encore quelques statuettes en bois ; dans une statuette royale était caché un papyrus porteur de la version la plus ancienne de la formule 168 du Livre des Morts, où sont décrites les douze cavernes du monde inférieur et leurs dieux. C’est dans la seconde chambre latérale du côté droit que Victor Loret découvrit neuf momies royales. Tous les objets trouvés dans la tombe, dont les offrandes princières, sont aujourd’hui au Musée égyptien du Caire.
Décoration
Tout comme la tombe de son père, le décor de l'hypogée d'Aménophis II intègre le Livre de l'Amdouat, rédigé dans un style linéaire qui rappelle celui des papyrus contemporains.
Seule la salle du sarcophage est coloriée, toutes les autre pièces sont vierges.
La chambre du sarcophage
Les six piliers de la salle du sarcophage sont peints de scènes montrant le roi devant un dieu ou une déesse tenant le signe de la vie (ankh) près de son nez. Il est accompagné d’Osiris, Anubis et Hathor, qui revêtent à côté du dieu solaire Rê (dont l’Amdouat décrit le périple nocturne) la plus grande importance pour le défunt et garantissent sa survie dans l’au-delà ; Osiris, souverain des morts, préside au jugement des morts, Anubis veille à la survie des corps par l’embaumement et Hathor personnifie les aspects de la régénération dans les mondes supérieur et inférieur.
Le roi recevant la vie d’Anubis.
La première paire de piliers est consacrée entièrement à Osiris, la troisième à Hathor, tandis qu’Anubis et Hathor se partagent le décor de la deuxième. Les divinités portent différents noms, le roi étant généralement qualifié d’ "Aimé d’Osiris".
Aménophis II devant Osiris.
Le dieu
est coiffé de la couronne blanche de Haute-Egypte
et tient le sceptre-ouas, le bâton de berger et le flagellum ;
le signe de la vie s’élève du sceptre vers le nez du roi pour signifier sa
régénération.
Comme pour l’Amdouat, les scènes sont généralement exécutées en noir et en rouge, le décor coloré n’apparaissant que dans la tombe royale suivante, celle de Thoumosis IV. Cependant, le symbole du ciel dominant toutes les scènes divines (y compris l’Amdouat) est peint en bleu, et un cadre coloré entoure chaque scène. Le bleu est aussi la couleur des étendues d’eau de l’Amdouat, surtout à la dixième heure de la nuit, où les noyés dérivent dans l’océan primordial Noun.
Les murs de la salle du sarcophage sont ornés de dessins au trait de l’Amdouat, les heures de la nuit se succédant dans l’ordre et sans interruption ; le début se trouve sur la paroi du fond, les douze heures se suivent dans le sens des aiguilles d’une montre et un résumé apparaît à la fin, sur la paroi de gauche.
La composition est encadrée d’une large bande de sable rouge symbolisant l’Empire des mots, désert occidental où le Soleil s’enfonce chaque soir. Des bandes de sable séparent aussi les différents registres horaires.
La barque solaire glisse sur une bande d’eau, mais on peut voir nettement sur la paroi de droite la transition de la troisième heure, très irriguée, au royaume de sable de Sokaris à la quatrième heure. La dernière heure de la nuit, où s’accomplit dans un gigantesque serpent le rajeunissement du Soleil, s’achève en ovale.
Les parois sont couronnées d’une frise décorative déjà attestée chez Thoutmosis III. Le plafond de la salle est peint en bleu et orné d’étoiles jaunes.
Douzième heure de la nuit de l’Amdouat
s’achevant par un ovale.
Le dieu solaire rajeunit dans un gigantesque serpent et
monte au ciel sous forme de scarabée, tandis qu’Osiris, momifié, reste dans le
monde inférieur.
Le sarcophage est en grès, peint d’un enduit rouge et luisant. Son couvercle jonchait le sol de ses débris, parmi toute une série d’objets funéraires jetés en désordre.
La momie d’Aménophis, qui reposait encore dans son sarcophage de quartzite, était intacte dans son cercueil au moment se sa découverte, le cou entouré d’une guirlande, portant sur le cœur un bouquet de mimosa. Elle est restée exposée jusqu’en 1934, époque à laquelle elle fut transférée au Caire.